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Les Fleurs des Mots: tableau numerique francais,0-93, presage

zero
0

un deux trois quatre cinq six sept huit neuf
1 2 3 4 5 6 7 8 9

dix
10

onze douze treize quatorze quinze seize 10-7 10-8 10-9
11 12 13 14 15 16 17 18 19

vingt
20

20-et-1 20-2 20-3 20-4 20-5 20-6 20-7 20-8 20-9
21 22 23 24 25 26 27 28 29

trente
30

30-et-1 30-2 30-3 30-4 30-5 30-6 30-7 30-8 30-9
31 32 33 34 35 36 37 38 39

quarante
40

40-et-1 40-2 40-3 40-4 40-5 40-6 40-7 40-8 40-9
41 42 43 44 45 46 47 48 49

cinquante
50

50-et-1 50-2 50-3 50-4 50-5 50-6 50-7 50-8 50-9
51 52 53 54 55 56 57 58 59

soixante
60

60-et-1 60-2 60-3 60-4 60-5 60-6 60-7 60-8 60-9
61 62 63 64 65 66 67 68 69

60-10
70

60 et 11 60-12 60-13 60-14 60-15 60-16 60-17 60-18 60-19
71 72 73 74 75 76 77 78 79

4-20s
80

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La Chronique Ascendante des Ducs de Normandie

Mil chent et soisante anz out de temps et d'espace
puiz que Dex en la Virge descendi par sa grace,
quant un clerc de Caen, qui out non Mestre Vace,
s'entremist de l'estoire de Rou et de s'estrasce,
qui conquist Normendie, qui qu'en poist ne qui place,
contre l'orgueil de France, qui encor les menasce,
que nostre roi Henri la congnoissë et sace.
Qui gaires n'a de rentes ne gaires n'en porcache ;
mez avarice a frait a largesce sa grace,
ne peut lez mainz ouvrir, plus sont gelez que glace, .
ne sai ou est reposte, ne truiz train ne trace;
qui ne soit losengier ne encort liu ne place,
a plusors i fait on la cue lovinace.
Ce ne fu mie el temps Virgile ne Orace
ne el temps Alixandre ne Cesar ne Estace,
lores avoit largesce vertu et efficace.
Du roi Henri voil faire ceste premiere page,
qui prist Alianor, dame de haut parage,
Dex doinst a ambedeuls de bien faire courage!
Ne me font mie rendre a la court le musage,
de dons et de pramesses chascun d' euls m' asouage ;
mez besoing vient souvent qui tost sigle et tost nage,
et souvent me fait meitre le denier et le gage.
France est Alienor et debonnaire et sage ;
roÿne fu de France en son premier aage,
Looÿs l' espousa qui out grant mariage;
en Jerusalem furent en lonc pelerinage,
assez y traist chescun travail et ahanage,
Quant reparriez s' en furent, par conseil du barnage
s' em parti la roÿne o riche parentage;
de cele departie n'out elle nul damage ;
a Poitiers s'en ala, son naturel manage,
n'i out plus prochain heir qu'el fu de son lignage.
Li roiz Henri la prist o riche mariage,
cil qui tint Engleterre et la terre marage
entre Espaingne et Escosce, de rivage en rivage ;
grant parole est de lui et de son vasselage,
des felons qu'il destraint comme oysel clos en cage ;
n' a baron en sa terre o si grant herbergage
qui ost le pais enfraindre em plein ne en boscage,
se il peut estre ataint, n'et des membres hontage,
ou qu'il n'i lest le cors ou l' ame en ostage.

La geste voil de Rou et dez Normanz conter,
lors faiz et lor proësce doi je bien recorder.
Les boisdies de France ne font mie a celer,
tout tens voudrent Franchoiz Normanz desheriter
et tout tens se penerent d' euls vaincre et d'els grever,
et quant Franceiz nes porent par force sormonter
par plusors tricheries lez soulent agraver ;

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Fun in its Wanderings

Back to basics counting in French, listening
to recordings of voices counting me to death,
dug up a 5th edition of Basic Conversational
French, p 66, Cardinal numbers, looked at the
keys - 11 to 16 with ZE - onze douze treize
30 to 60 with TE - trente quarante cinquante

70 is sixty-ten = soixante-dix,80 is 4 times 20
= quatre-vingts,90 is 4 times 20 plus ten =
quatre-vingt-dix - just seeing this gives me the
shivers, reading aloud to get used to the sound
is awful, a freshman at university sitting with
my book repeating this endlessly to do Dictée

Today the object is teaching diplomatic staff
to get around in France but I'm not going any-
where, learning this only serves to pass the
time, I'm better off reading Mars and Venus
by John Gray explaining why men and women
can't get along, explaining the idea of martyrs

I'm a martyr to my cause of peace in the home,
now it seems I have sold my soul - with that
blasted soul gone I have nothing with which
to go on, no wonder I feel so down, being
only a shell of my former self - I hope
my soul has fun in its wanderings

I seem to have none, repeating the same
lessons without a chance of ever using
these skills…


4 October 2012

Basic Conversational French,5th edition,
Harris & Lévêque, p 66

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William Makepeace Thackeray

Le Grenier

Je viens revoir l'asile ou ma jeunesse
De la misere a subi les lecons.
J'avais vingt ans, une folle maitresse,
De francs amis et l'amour des chansons.
Bravant le monde et les sots et les sages,
Sans avenir, riche de mon printemps,
Leste et joyeux je montais six etages,
Dans un grenier qu'on est bien a vingt ans.

C'est un grenier, point ne veux qu'on l'ignore.
La fut mon lit, bien chetif et bien dur;
La fut ma table; et je retrouve encore
Trois pieds d'un vers charbonnes sur le mur.
Apparaissez, plaisirs de mon bel age,
Que d'un coup d'aile a fustiges le temps,
Vingt fois pour vous j'ai ma montre en gage.
Dans un grenier qu'on est bien a vingt ans!

Lisette ici doit surtout apparaitre,
Vive, jolie, avec un frais chapeau;
Deja sa main a l'etroite fenetre
Suspend son schal, en guise de rideau.
Sa robe aussi va parer ma couchette;
Respecte, Amour, ses plis longs et flottans.
Jai su depuis qui payait sa toilette
Dans un grenier qu'on est bien a vingt ans!

A table un jour, jour de grande richesse,
De mes amis les voix brillaient en choeur,
Quand jusqu'ici monte on cri d'allegresse;
A Marengo Bonaparte est vainqueur.
Le canon gronde; un autre chant commence;
Nous celebrons tant de faits eclatans.
Les rois jamais n'envahiront la France.
Dans un grenier qu'on est bien a vingt ans!

Quittons ce toit ou ma raison s'enivre.
Oh! qu'ils sont loin ces jours si regrettes!
J'echangerais ce qu'il me reste a vivre
Contre un des mois qu'ici Dieu ma comptes.
Pour rever gloire, amour, plaisir, folie,
Pour depenser sa vie en peu d'instans,
D'un long espoir pour la voir embellie,
Dans un grenier qu'on est bien a vingt ans!


The Garret

With pensive eyes the little room I view,
Where, in my youth, I weathered it so long;

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L'Aveugle

'Dieu dont l'arc est d'argent, dieu de Claros, écoute;
O Sminthée-Apollon, je périrai sans doute,
Si tu ne sers de guide à cet aveugle errant.'

C'est ainsi qu'achevait l'aveugle en soupirant,
Et près des bois marchait, faible, et sur une pierre
S'asseyait. Trois pasteurs, enfants de cette terre,
Le suivaient, accourus aux abois turbulents
Des molosses, gardiens de leurs troupeaux bêlants.
Ils avaient, retenant leur fureur indiscrète,
Protégé du vieillard la faiblesse inquiète;
Ils l'écoutaient de loin, et s'approchant de lui:
Quel est ce vieillard blanc, aveugle et sans appui?
Serait-ce un habitant de l'empire céleste?
Ses traits sont grands et fiers; de sa ceinture agreste
Pend une lyre informe; et les sons de sa voix
Émeuvent l'air et l'onde, et le ciel et les bois.'

Mais il entend leurs pas, prête l'oreille, espère,
Se trouble, et tend déjà les mains à la prière.
'Ne crains point, disent-ils, malheureux étranger,
Si plutôt, sous un corps terrestre et passager,
Tu n'es point quelque dieu protecteur de la Grèce,
Tant une grâce auguste ennoblit ta vieillesse!
Si tu n'es qu'un mortel, vieillard infortuné,
Les humains près de qui les flots t'ont amené
Aux mortels malheureux n'apportent point d'injures.
Les destins n'ont jamais de faveurs qui soient pures.
Ta voix noble et touchante est un bienfait des dieux;
Mais aux clartés du jour ils ont fermé tes yeux.

--Enfants, car votre voix est enfantine et tendre,
Vos discours sont prudents plus qu'on n'eût dû l'attendre;
Mais, toujours soupçonneux, l'indigent étranger
Croit qu'on rit de ses maux et qu'on veut l'outrager.
Ne me comparez point à la troupe immortelle:
Ces rides, ces cheveux, cette nuit éternelle,
Voyez, est-ce le front d'un habitant des cieux?
Je ne suis qu'un mortel, un des plus malheureux!
Si vous en savez un, pauvre, errant, misérable,
C'est à celui-là seul que je suis comparable;
Et pourtant je n'ai point, comme fit Thamyris,
Des chansons à Phoebus voulu ravir le prix;
Ni, livré comme Oedipe à la noire Euménide,
Je n'ai puni sur moi l'inceste parricide;
Mais les dieux tout-puissants gardaient à mon déclin
Les ténèbres, l'exil, l'indigence et la faim.

--Prends, et puisse bientôt changer ta destinée!'
Disent-ils. Et tirant ce que, pour leur journée,

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Guillaume Apollinaire

La maison des morts

S'étendant sur les côtés du cimetière
La maison des morts l'encadrait comme un cloître
A l'intérieur de ses vitrines
Pareilles à celles des boutiques de modes
Au lieu de sourire debout
Les mannequins grimaçaient pour l'éternité
Arrivé à Munich depuis quinze ou vingt jours
J'étais entré pour la première fois et par hasard
Dans ce cimetière presque désert
Et je claquais des dents
Devant toute cette bourgeoisie
Exposée et vêtue le mieux possible
En attendant la sépulture
Soudain
Rapide comme ma mémoire
Les yeux ses rallumèrent
De cellule vitrée en cellule vitrée
Le ciel se peupla d'une apocalypse
Vivace
Et la terra plate à l'infini
Comme avant Galilée
Se couvrit de mille mythologies immobiles
Un ange en diamant brisa toutes les vitrines
Et les morts m'accostèrent
Avec des mines de l'autre monde
Mais leur visage et leurs attitudes
Devinrent bientôt moins funbèbres
Le ciel et la terre perdirent
Leur aspect fantasmagorique
Les morts se réjouissaient
De voir leurs corps trépassés entre eux et la lumière
Ils riaient de voir leur ombre et l'observaient
Comme si véritablement
C'eût été leur vie passée
Alors je les dénombrai
Ils étaient quarante-neuf hommes
Femmes et enfants
Qui embellissaient à vue d'oeil
Et me regardaient maintenant
Avec tant de cordialité
Tant de tendresse même
Que les prenant en amitié
Tout à coup
Je les invitai à une promenade Loin des arcades de leur maison
Et tous bras dessus bras dessous
Fredonnant des airs militaires
Oui tous vos péchés sont absous
Nous quittâmes le cimetière
Nous traversâmes la ville
Et rencontrions souvent

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Guillaume Apollinaire

Le palais du tonnerre

Par l'issue ouverte sur le boyau dans la craie
En regardant la paroi adverse qui semble en nougat
On voit à gauche et à droite fuir l'humide couloir désert
Où meurt étendue une pelle à la face effrayante à deux yeux réglementaires qui servent à l'attacher sous les caissons
Un rat y recule en hâte tandis que j'avance en hâte
Et le boyau s'en va couronné de craie semé de branches
Comme un fantôme creux qui met du vide où il passe blanchâtre
Et là-haut le toit est bleu et couvre bien le regard fermé par quelques lignes droites
Mais en deçà de l'issue c'est le palais bien nouveau et qui paraît ancien
Le plafond est fait de traverses de chemin de fer
Entre lesquelles il y a des morceaux de craie et des touffes d'aiguilles de sapin
Et de temps en temps des débris de craie tombent comme des morceaux de vieillesse
À côté de l'issue que ferme un tissu lâche d'une espèce qui sert généralement aux emballages
Il y a un trou qui tient lieu d'âtre et ce qui y brûle est un feu semblable à l'âme
Tant il tourbillonne et tant il est inséparable de ce qu'il dévore et fugitif
Les fils de fer se tendent partout servant de sommier supportant des planches
Ils forment aussi des crochets et l'on y suspend mille choses
Comme on fait à la mémoire
Des musettes bleues des casques bleus des cravates bleues des vareuses bleues
Morceaux du ciel tissus des souvenirs les plus purs
Et il flotte parfois en l'air de vagues nuages de craie
Sur la planche brillent des fusées détonateurs joyaux dorés à tête émaillée
Noirs blancs rouges
Funambules qui attendent leur tour de passer sur les trajectoires
Et font un ornement mince et élégant à cette demeure souterraine
Ornée de six lits placés en fer à cheval
Six lits couverts de riches manteaux bleus

Sur le palais il y a un haut tumulus de craie
Et des plaques de tôle ondulée
Fleuve figé de ce domaine idéal
Mais privé d'eau car ici il ne roule que le feu jailli de la mélinite
Le parc aux fleurs de fulminate jaillit des trous penchés
Tas de cloches aux doux sons des douilles rutilantes
Sapins élégants et petits comme en un paysage japonais
Le palais s'éclaire parfois d'une bougie à la flamme aussi petite qu'une souris
Ô palais minuscule comme si on te regardait par le gros bout d'une lunette
Petit palais où tout s'assourdit
Petit palais où tout est neuf rien rien d'ancien
Et où tout est précieux où tout le monde est vêtu comme un roi
Une selle est dans un coin à cheval sur une caisse
Un journal du jour traîne par terre
Et cependant tout paraît vieux dans cette neuve demeure
Si bien qu'on comprend que l'amour de l'antique
Le goût de l'anticaille
Soit venu aux hommes dès le temps des cavernes
Tout y était si précieux et si neuf
Tout y est si précieux et si neuf
Qu'une chose plus ancienne ou qui a déjà servi y apparaît
Plus précieuse

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Guillaume Apollinaire

Un fantôme de nuées

Comme c'était la veille du quatorze juillet
Vers les quatre heures de l'après-midi
Je descendis dans la rue pour aller voir les saltimbanques
Ces gens qui fonts des tours en plein air
Commencent à être rares à Paris
Dans ma jeunesse on en voyait beaucoup plus qu'aujourd'hui
Ils s'en sont allés presque tous en province
Je pris le boulevard Saint-Germain
Et sur une petite place située entre Saint-Germain-des-Prés et la
statue Danton
Je rencontrai les saltimbanques
La foule les entourait muette et résignée à attendre
Je me fis une place dans ce cercle afin de tout voir
Poids formidables
Villes de Belgique soulevées à bras tendu par un ouvrier russe de
Longwy
Haltères noirs et creux qui ont pour tige un fleuve figé
Doigts roulant une cigarette amère et délicieuse comme la vie
De nombreux tapis sales couvraient le sol
Tapis qui ont des plis qu'on ne défera pas
Tapis qui sont presque entièrement couleur de la poussière
Et où quelques taches jaunes ou vertes ont persisté
Comme un air de musique qui vous poursuit
Vois-tu le personnage maigre et sauvage
La cendre de ses pères lui sortait en barbe grisonnante
Il portait ainsi toute son hérédité au visage
Il semblait rêver à l'avenir
En tournant machinalement un orgue de Barbarie
Dont la lente voix se lamentait merveilleusement
Les glouglous les couacs et les sourds gémissements
Les saltimbanques ne bougeaient pas
Le plus vieux avait un maillot couleur de ce rose violâtre qu'ont aux
joues certaines jeunes filles fraîches mais près de la mort
Ce rose-là se niche surtout dans les plis qui entourent souvent leur
bouche
Ou près des narines
C'est un rose plein de traîtrise
Cet homme portait-il ainsi sur le dos
La teinte ignoble de ses poumons
Les bras les bras partout montaient la garde
Le second saltimbanque
N'était vêtu que de son ombre
Je le regardait longtemps
Son visage m'échappe entièrement
C'est un homme sans tête
Un autre enfin avait l'air d'un voyou
D'un apache bon et crapule à la fois
Avec son pantalon bouffant et les accroche-chaussettes
N'aurait-il pas eu l'apparence d'un maquereau à sa
toilette

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Les fumeurs

' C'est aujourd'hui,
Au cabaret du Jour et de la Nuit,
Qu'on sacrera
Maître et Seigneur des vrais fumeurs
Celui
Qui maintiendra
Le plus longtemps,
Devant les juges compétents,
Une même pipe allumée.
Or, qu'à tous soit légère
La bière,
Et soit docile la fumée. '
Ont pris place, sur double rang,
Près des tables, le long des bancs,
Les grands fumeurs de Flandre et de Brabant.

Déjà depuis une heure ils fument,
A petit coups, à mince brume,
Le gros et compact tabac
Qu'a resserré, avec une ardeur douce,
Leur pouce,
En des pipes neuves de Gouda.
Ils fument tous, et tous se taisent,
La bouche au frais, le ventre à l'aise
Ils fument tous, et se surveillent
Du coin de l'oeil et de l'oreille.
Ils fument tous méticuleusement,
Sans nulle hâte aventurière,
Si bien que l'on n'entend
Que l'horloge de cuivre et son tictacquement,
Ou bien encor, de temps en temps,
Le flasque et lourd écrasement
D'un crachat blanc contre les pierres.
Et tous, ils fumeraient ainsi,
Inépuisablement, tout un après-midi,
N'était que les novices
Ne se doutent bientôt, à maints indices,
Que leur effort touche à sa fin,
Et que le feu, entre leurs mains,
S'éteint.

Mais eux, les vieux, restent fermes. En vain
Les petites volutes
Tracent peut-être, avec leurs fins réseaux,
Le nom du vainqueur de la lutte,
Près du plafond, là-haut ;
Ils s'entêtent à n'avoir d'yeux
Minutieux
Que pour leur pipe, où luit et bouge
Le seul point rouge

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The Old House And The New

Is it only twelve mont' I play de fool,
You're sure it 's correc' , ma dear?
I 'm glad for hearin' you spik dat way
For I t'ink it was twenty year,
Since leffin' de leetle ole house below,
I mak' wit' ma own two han'
For go on dat fine beeg place, up dere-
Mon Dieu! I'm de crazy man!

You 'member we 're not very riche, cherie,
Dat tam we 're beginnin' life!
Mese'f I'm twenty, an' you eighteen
W'en I 'm bringin' you home ma wife,
Many de worry an' troub' we got
An' some of dem was n't small,
But not very long dey bodder us
For we work an' forget dem all.

An' you was de savin' woman too,
Dere 's nobody beat you dere!
An' I laugh w'en I t'ink of de tam you go
Over on Trois Rivieres
For payin' de bank -you know how moche
We 're owin' for dat new place
W 'at was he sayin' de nice young man
Smilin' upon hees face

W'en he got dat monee was all pure gole
Come down on your familee
For honder year an' mebbe more?
'Ma-dame you 're excusin' me,
But w'ere was you gettin' dis nice gole coin
Of Louis Quatorze, hees tam
Wit' hees face on back of dem ev 'ry wan?
For dey 're purty scase now, Ma-dam?'

An' you say 'Dat 's not'ing at all M'sieu
Ma familee get dem t'ing,
I suppose it's very long tam ago,
W'en Louis Quatorze is King,
An' I'm sorry poor feller he 's comin' dead
An' not leevin here to-day
'Cos man should be good on hees frien', M'sieu'
W'en de monee he mak' dat way.'

Yass, ev 'ry wan know we 're workin' hard
An' savin' too all dem year,
But nobody see us starve ourse'f
Dere 's plaintee to eat, don 't fear-
Bimeby our chil'ren dey 're growin' up

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Victor Hugo

Chanson de pirates (Pirates' Song)

Nous emmenions en esclavage
Cent chrétiens, pêcheurs de corail ;
Nous recrutions pour le sérail
Dans tous les moûtiers du rivage.
En mer, les hardis écumeurs !
Nous allions de Fez à Catane...
Dans la galère capitane
Nous étions quatre-vingts rameurs.

On signale un couvent à terre.
Nous jetons l'ancre près du bord.
A nos yeux s'offre tout d'abord
Une fille du monastère.
Prés des flots, sourde à leurs rumeurs,
Elle dormait sous un platane...
Dans la galère capitane
Nous étions quatre-vingts rameurs.

- La belle fille, il faut vous taire,
Il faut nous suivre. Il fait bon vent.
Ce n'est que changer de couvent.
Le harem vaut le monastère.
Sa hautesse aime les primeurs,
Nous vous ferons mahométane...
Dans la galère capitane
Nous étions quatre-vingts rameurs.

Elle veut fuir vers sa chapelle.
- Osez-vous bien, fils de Satan ?
- Nous osons, dit le capitan.
Elle pleure, supplie, appelle.
Malgré sa plainte et ses clameurs,
On l'emporta dans la tartane...
Dans la galère capitane
Nous étions quatre-vingts rameurs.

Plus belle encor dans sa tristesse,
Ses yeux étaient deux talismans.
Elle valait mille tomans ;
On la vendit à sa hautesse.
Elle eut beau dire : Je me meurs !
De nonne elle devint sultane...
Dans la galère capitane
Nous étions quatre-vingts rameurs.


Pirates' Song

We're bearing five-score Christian dogs
To serve the cruel drivers:

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Kato

Après avoir lavé les puissants mufles roux
De ses vaches, curé l'égout et la litière,
Troussé son jupon lâche à hauteur des genoux,
Ouvert, au jour levant, une porte à chatière,

Kato, la grasse enfant, la pataude, s'assied,
Un grand mouchoir usé lui recouvrant la nuque,
Sur le vieil escabeau qui ne tient que d'un pied,
Dans l'ombre dense, où luit encore un noctiluque.

Le tablier de cuir rugueux sert de cuissart ;
Les pieds sont nus dans des sabots. Voici sa pose :
Le sceau dans le giron, les jambes en écart,
Les cinq doigts grapilleurs étirant le pis rose.

C'est sa besogne à l'aube, au soir, au coeur du jour,
De venir traire et bousculer gaiement ses bêtes,
En songeant d'un oeil vague aux bombances d'amour
Aux baisers de son gars dans les charnelles fêtes,

De son gars, le meunier, un gros rustaud râblé,
Avec des blocs de chair bossuant sa carcasse,
Qui la guette au moulin tout en veillant au blé,
Et la bourre de baisers gras, dès qu'elle passe.

Mais son étable avec ses vaches la retient ;
Elles sont là, dix, vingt, trente, lourdes de graisse,
Leur croupe se haussant dans un raide maintien,
Leur longue queue, au ras des flancs, ballant à l'aise.

Propres ? Rien ne luit tant que le poil de leur peau ;
Fortes ? Leur cuisse énorme est de muscles gonflée ;
Leur grand souffle, dans l'auge emplie, ameute l'eau,
Leur coup de corne enfonce une cloison, d'emblée.

Elles mâchonnent tout d'un appétit goulu :
Glands, carottes, navets, trèfles, sainfoins, farines,
Le col allongé droit et le mufle velu,
Avec des ronflements satisfaits de narines,

Avec des coups de dents donnés vers le panier
Où Kato fait tomber les raves qu'elle ébarbe,
Avec des regards doux fixés sur le grenier
Où le foin, par les trous, laisse flotter sa barbe.

L'écurie est construite à plein torchis. Le toit,
Très vieux, très lourd, couvert de chaume et de ramée,
Sur sa charpente haute étrangement s'asseoit
Et jusqu'aux murs étend ses ailes déplumées.

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Deux Frres Sous Le Soleil

J'ai vu en rve - une prairie infinite
J'ai vu en rve - un soleil endormi
Et dans mon rve - nos ailes d'or se dploient
Et un seul esprit - nous unit - toi et moi
Ecoute ton coeur - petit enfant du desert
Ecoute cette voix - c'est celle de ta terre
Ecoute tes rves - moi quand tu t'veilles
Moi qui suis ton frere - oui - sous le soleil
Nous sommes com' deux frres de sang
Nous som' deux coeurs l'unisson
A jamais nous serons pareils
A deux frres sous le soleil
Quand tu entendras - le vent dans le canyon
Et quand tu verras - courir les bisons
Quand tu te perdras - e serai prs de toi
Pour veiller sur mon frre - mon frre sous le soleil
Nous sommes com' deux frres de sang
Nous som' deux coeurs l'unisson
A jamais nous serons pareils
A deux frres sous le soleil
Sous le soleil, sous le soleil
Com' deux frres sous le soleil

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Dj Culture

(tennant/lowe)
--------------
(attention! attention!
Trente-neuf, quarante)
Imagine a war which everyone won
Permanent holiday in endless sun
Peace without wisdom, one steals to achieve
Relentlessly, pretending to believe
Attitudes are materialistic, positive or frankly realistic
Which is terribly old-fashioned, isnt it?
Or isnt it?
(dj culture) dance with me
(dj culture) lets pretend
Living in a satellite fantasy
Waiting for the night to end
(dj culture dj d)
Lets pretend we won a war
Like a football match, ten-nil the score
Anythings possible, were on the same side
Or otherwise on trial for our lives
Ive been around the world for a number of reasons
Ive seen it all, the change of seasons
And i, my lord, may I say nothing?
(dj culture) dance with me
(dj culture) lets pretend
Living in a satellite fantasy
Waiting for the night to end (dj culture)
(dj culture) dance with me
(dj culture) lets pretend
Living in a satellite fantasy
Wondering whos your friend (dj culture)
Now as a matter of pride
Indulge yourself, your every mood
No feast-days, or fast-days, or days of abstinence intrude
Consider for a minute who you are (consider/who you are)
What youd like to change, never mind the scars (change)
Bury the past, empty the shelf (bury the past)
Decide its time to reinvent yourself (its time)
Like liz before betty, she after sean
Suddenly youre missing, then youre reborn
And i, my lord, may I say nothing?
(dj culture) (dance with me)
(dj culture) (dance with me)
Living in a satellite fantasy
Waiting for the night to end (dj culture)
(dj culture) dance with me
(dj culture) lets pretend
Living in a satellite fantasy
Wondering whos your friend (dj culture)
(dj culture) and i, my lord, (une foix)

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Ami, Chez Nos Francois

Ami, chez nos Français ma muse voudrait plaire;
Mais j'ai fui la satire à leurs regards si chère.
Le superbe lecteur, toujours content de lui,
Et toujours plus content s'il peut rire d'autrui,
Veut qu'un nom imprévu, dont l'aspect le déride,
Égayé au bout du vers une rime perfide;
Il s'endort si quelqu'un ne pleure quand il rit.
Mais qu'Horace et sa troupe irascible d'esprit
Daignent me pardonner, si jamais ils pardonnent:
J'estime peu cet art, ces leçons qu'ils nous donnent
D'immoler bien un sot qui jure en son chagrin,
Au rire âcre et perçant d'un caprice malin.
Le malheureux déjà me semble assez à plaindre
D'avoir, même avant lui, vu sa gloire s'éteindre
Et son livre au tombeau lui montrer le chemin,
Sans aller, sous la terre au trop fertile sein,
Semant sa renommée et ses tristes merveilles,
Faire à tous les roseaux chanter quelles oreilles
Sur sa tête ont dressé leurs sommets et leurs poids.

Autres sont mes plaisirs. Soit, comme je le crois,
Que d'une débonnaire et généreuse argile
On ait pétri mon âme innocente et facile;
Soit, comme ici, d'un oeil caustique et médisant,
En secouant le front, dira quelque plaisant,
Que le ciel, moins propice, enviât à ma plume
D'un sel ingénieux la piquante amertume,
J'en profite à ma gloire, et je viens devant toi
Mépriser les raisins qui sont trop hauts pour moi.
Aux reproches sanglants d'un vers noble et sévère
Ce pays toutefois offre une ample matière:
Soldats tyrans du peuple obscur et gémissant,
Et juges endormis aux cris de l'innocent;
Ministres oppresseurs, dont la main détestable
Plonge au fond des cachots la vertu redoutable.
Mais, loin qu'ils aient senti la fureur de nos vers,
Nos vers rampent en foule aux pieds de ces pervers,
Qui savent bien payer d'un mépris légitime
Le lâche qui pour eux feint d'avoir quelque estime.
Certe, un courage ardent qui s'armerait contre eux
Serait utile au moins s'il était dangereux;
Non d'aller, aiguisant une vaine satire,
Chercher sur quel poète on a droit de médire;
Si tel livre deux fois ne s'est pas imprimé,
Si tel est mal écrit, tel autre mal rimé.

Ainsi donc, sans coûter de larmes à personne,
A mes goûts innocents, ami, je m'abandonne.
Mes regards vont errant sur mille et mille objets.
Sans renoncer aux vieux, plein de nouveaux projets,

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Lamour Deux

Jte suis des yeux
Cest un jeu
Et quand a tourne
Tragique
Jeux dangereux
Lenjeu
Est-ce le faux au secours
Panique
Lamour ça sfait
A deux
Bien fait cest du feu
De dieu
Mais quas tu fait
De moi
Je nsais pas
Lamour deux
Cest quand tu veux
Tu nes pas de
De ceux
Que lon dtourne
Lenjeu
Est-ce le faux au scours
Panique
Lamour ça sfait
A deux
Bien fait cest du feu
De dieu
Mais quas tu fait
De moi
Je nsais pas
Lamour deux
Cest quand tu veux
Sois affectueux
Tu peux
Il ny a que
Lphysique
Sinn adieux
Nous deux
Surtout pas de
Panique
Sois chaleureux
Je veux
Tu es par trop
Cynique
Mais quas tu fait
De moi
Je nsais pas
Lamour deux
Cest quand tu veux

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La dame en noir

Dans la ville d'ébène et d'or,
Sombre dame des carrefours,
Qu'attendre, après tant de jours,
Qu'attendre encor ?

- Les chiens du noir espoir ont aboyé, ce soir,
Vers les lunes de mes deux yeux,
Si longuement, vers mes deux yeux silencieux,
Si longuement et si terriblement, ce soir,
Vers les lunes de mes deux yeux en noir.

Dites, quels feux agitent-ils mes crins,
Pour affoler ainsi ces chiens,
Et quelle ardeur règne en mes reins
Et dans mon corps toisonné d'or ?

- Sombre dame des carrefours,
Qu'attendre, après de si longs jours,
Qu'aittendre ?

- Vers quel paradis noir font-ils voile mes seins,
Et vers quels horizons ameutés de tocsins ?
Dites, quel Walhalla tumultueux de fièvres
Ou quels chevaux cabrés vers l'amour sont mes lèvres ?

Dites, quel incendie et quel effroi
Suis-je ? pour ces grands chiens, qui me lèchent ma rage,
Et quel naufrage espèrent-il en mon orage
Pour tant chercher leur mort en moi ?

- Sombre dame des carrefours,
Qu'attendre après de si longs jours ?

- Mes yeux, comme des pierres d'or,
Luisent pendant les nuits charnelles :
Je suis belle comme la mort
Et suis publique aussi comme elle.

Aux douloureux traceurs d'éclairs
Et de désirs sur mes murailles,
J'offre le catafalque de mes chairs
Et les cierges des funérailles.

Je leur donne tout mon remords
Pour les soûler au seuil du porche,
Et le blasphème de mon corps
Brandi vers Dieu comme une torche.

Ils me savent comme une tour
De fer et de siècles vêtue,

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Guillaume Apollinaire

Palais

Vers le palais de Rosemonde au fond du Rêve
Mes rêveuses pensées pieds nus vont en soirée
Le palais don du roi comme un roi nu s'élève
Des chairs fouettées des roses de la roseraie

On voit venir au fond du jardin mes pensées
Qui sourient du concert joué par les grenouilles
Elles ont envie des cyprès grandes quenouilles
Et le soleil miroir des roses s'est brisé

Le stigmate sanglant des mains contre les vitres
Quel archer mal blessé du couchant le troua
La résine qui rend amer le vin de Chypre
Ma bouche aux agapes d'agneau blanc l'éprouva

Sur les genoux pointus du monarque adultère
Sur le mai de son âge et sur son trente et un
Madame Rosemonde roule avec mystère
Ses petits yeux tout ronds pareils aux yeux des Huns

Dame de mes pensées au cul de perle fine
Dont ni perle ni cul n'égale l'orient
Qui donc attendez-vous
De rêveuses pensées en marche à l'Orient
Mes plus belles voisines

Toc toc Entrez dans l'antichambre le jour baisse
La veilleuse dans l'ombre est un bijou d'or cuit
Pendez vos têtes aux patères par les tresses
Le ciel presque nocturne a des lueurs d'aiguilles

On entra dans la salle à manger les narines
Reniflaient une odeur de graisse et de graillon
On eut vingt potages dont trois couleurs d'urine
Et le roi prit deux œufs pochés dans du bouillon

Puis les marmitons apportèrent les viandes
Des rôtis de pensées mortes dans mon cerveau
Mes beaux rêves mort-nés en tranches bien saignantes
Et mes souvenirs faisandés en godiveaux

Or ces pensées mortes depuis des millénaires
Avaient le fade goût des grands mammouths gelés
Les os ou songe-creux venaient des ossuaires
En danse macabre aux plis de mon cervelet

Et tous ces mets criaient des choses nonpareilles
Mais nom de Dieu !
Ventre affamé n'a pas d'oreilles
Et les convives mastiquaient à qui mieux mieux

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L’Invention

O fils du Mincius, je te salue, ô toi
Par qui le dieu des arts fut roi du peuple-roi!
Et vous, à qui jadis, pour créer l'harmonie,
L'Attique et l'onde Égée, et la belle Ionie,
Donnèrent un ciel pur, les plaisirs, la beauté,
Des moeurs simples, des lois, la paix, la liberté,
Un langage sonore aux douceurs souveraines,
Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines!
Nul âge ne verra pâlir vos saints lauriers,
Car vos pas inventeurs ouvrirent les sentiers;
Et du temple des arts que la gloire environne
Vos mains ont élevé la première colonne.
A nous tous aujourd'hui, vos faibles nourrissons,
Votre exemple a dicté d'importantes leçons.
Il nous dit que nos mains, pour vous être fidèles,
Y doivent élever des colonnes nouvelles.
L'esclave imitateur naît et s'évanouit;
La nuit vient, le corps reste, et son ombre s'enfuit.

Ce n'est qu'aux inventeurs que la vie est promise.
Nous voyons les enfants de la fière Tamise,
De toute servitude ennemis indomptés;
Mieux qu'eux, par votre exemple, à vous vaincre excités,
Osons; de votre gloire éclatante et durable
Essayons d'épuiser la source inépuisable.
Mais inventer n'est pas, en un brusque abandon,
Blesser la vérité, le bon sens, la raison;
Ce n'est pas entasser, sans dessein et sans forme,
Des membres ennemis en un colosse énorme;
Ce n'est pas, élevant des poissons dans les airs,
A l'aile des vautours ouvrir le sein des mers;
Ce n'est pas sur le front d'une nymphe brillante
Hérisser d'un lion la crinière sanglante:
Délires insensés! fantômes monstrueux!
Et d'un cerveau malsain rêves tumultueux!
Ces transports déréglés, vagabonde manie,
Sont l'accès de la fièvre et non pas du génie;
D'Ormus et d'Ariman ce sont les noirs combats,
Où, partout confondus, la vie et le trépas,
Les ténèbres, le jour, la forme et la matière,
Luttent sans être unis; mais l'esprit de lumière
Fait naître en ce chaos la concorde et le jour:
D'éléments divisés il reconnaît l'amour,
Les rappelle; et partout, en d'heureux intervalles,
Sépare et met en paix les semences rivales.
Ainsi donc, dans les arts, l'inventeur est celui
Qui peint ce que chacun put sentir comme lui;
Qui, fouillant des objets les plus sombres retraites,
Étale et fait briller leurs richesses secrètes;
Qui, par des noeuds certains, imprévus et nouveaux,

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Guillaume Apollinaire

Le poète

Je me souviens ce soir de ce drame indien
Le Chariot d'Enfant un voleur y survient
Qui pense avant de faire un trou dans la muraille
Quelle forme il convient de donner à l'entaille
Afin que la beauté ne perde pas ses droits
Même au moment d'un crime
Et nous aurions je crois
À l'instant de périr nous poètes nous hommes
Un souci de même ordre à la guerre où nous sommes

Mais ici comme ailleurs je le sais la beauté
N'est la plupart du temps que la simplicité
Et combien j'en ai vu qui morts dans la tranchée
Étaient restés debout et la tête penchée
S'appuyant simplement contre le parapet

J'en vis quatre une fois qu'un même obus frappait
Ils restèrent longtemps ainsi morts et très crânes
Avec l'aspect penché de quatre tours pisanes

Depuis dix jours au fond d'un couloir trop étroit
Dans les éboulements et la boue et le froid
Parmi la chair qui souffre et dans la pourriture
Anxieux nous gardons la route de Tahure

J'ai plus que les trois cœurs des poulpes pour souffrir
Vos cœurs sont tous en moi je sens chaque blessure
Ô mes soldats souffrants ô blessés à mourir
Cette nuit est si belle où la balle roucoule
Tout un fleuve d'obus sur nos têtes s'écoule
Parfois une fusée illumine la nuit
C'est une fleur qui s'ouvre et puis s'évanouit

La terre se lamente et comme une marée
Monte le flot chantant dans mon abri de craie
Séjour de l'insomnie incertaine maison
De l'Alerte la Mort et la Démangeaison

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Invocation

Ombres de mes sept Sœurs et de mes sept Pensées !
Toi, par la flèche, et toi, par la pierre lancée
Au travers de la haie et par-dessus le mur ;
Toi, par la fleur tendue, et toi, par le fruit mûr
Offerts l’un à ma bouche et l’autre à mon sourire ;
Toi que la nuit endort, toi que l’aurore étire,
Toi qui ruisselles d’eau, toi qui coules de sang,
Vous toutes qui parlez, passantes, au passant,
Assises dans le soir ou debout dans l’aurore,
Le long du fleuve calme ou de la mer sonore,
Le pied sur l’herbe haute ou sur le rocher nu,
Sur la lande déserte où danse un bouc cornu
Ou dans le verger clair où chante une colombe
Tandis que l’heure, hélas ! marque d’un fruit qui tombe
Son invisible fuite et son muet retour ;
Vous qui êtes la Mort, vous qui êtes l’Amour
O flamboyantes, ô légères, ô glacées,
En vous voyant marcher dans mon âme, Pensées
Qui descendez en moi les pentes de l’oubli,
Pour que vous les miriez en son lac d’or pâli
J’ai fait à vos sept fronts à jamais sept couronnes
Avec des fleurs d’été, avec des fleurs d’automne,
Avec l’algue du fleuve et l’algue de la mer
Et des feuillages durs immortellement verts
Et des feuilles de lierre et des feuilles d’orties,
Avec des cailloux noirs et des gemmes polies ;
Et, pour qu’en ma mémoire il se revive encor,
J’ai couronné en vous mon Rêve sept fois mort.

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