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Le Jardin

Tu m’as vu bien souvent, de ton verger voisin
Où le pampre vineux annonce le raisin,
Bien souvent, tu m’as vu, par-dessus cette haie
Que l’épine hérisse et que rougit la baie,
Tout un jour, de l’aurore au soir, en mon enclos...
Il est humble, petit, mélancolique et clos ;
Sa porte à claire-voie ouvre sur la grand’route ;
Une fontaine au fond s’épuise goutte à goutte
Et ne remplit jamais qu’à demi le bassin ;
La ruche, dans un coin, bourdonne d’un essaim
Qui rentre sous son toit dès que les fleurs sont closes.
Tout est calme. Un rosier balance quelques roses
Qui s’empourprent dans l’ombre auprès d’un vieux laurier.
Il fait beau. Sur la route, avec son chevrier,
Le troupeau qui piétine en la poussière chaude ;
Son bâton à la main, un mendiant qui rôde ;
Une femme qui rit et que l’on ne voit pas ;
Quelqu’un qui passe : rien, ni la voix, ni les pas
Ne te semblent pouvoir de lui-même distraire
Cet hôte, aux yeux baissés, du jardin solitaire.
Ai-je l’air de vouloir être ailleurs qu’où je suis ?
Le jour s’en va, rayon à rayon, bruit à bruit ;
Et la ruche incertaine et la rose indistincte
Sont l’une d’or pâli, l’autre de pourpre éteinte ;
Le crépuscule est à genoux devant le soir ;
Le laurier lentement se bronze et devient noir,
Et je reste debout dans l’ombre, et c’est à peine
Si l’on entend tout bas un peu plus la fontaine,
Et j’écoute à mon cœur en larmes dans mes yeux
L’éloquente rumeur de mon sang furieux.

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