Les tours au bord de la mer
Mais vous êtes, quand même
Debout encor, au long des mers,
Debout, dans l'ombre et dans l'hiver,
Sans couronne, sans diadème,
Sans feux épars sur vos fronts lourds;
Et vous demeurez là, seules au vent nocturne,
Oh ! vous, les tours, les tours gigantesques, les tours
De Nieuport, de Lisweghe et de Furnes. Sur les villes et les hameaux flamands,
Au-dessus des maisons vieilles et basses,
Vous carrez votre masse,
Tragiquement ;
Et ceux qui vont, au soir tombant, le long des grèves,
A voir votre grandeur et votre deuil,
Sentent toujours, comme un afflux d'orgueil,
Battre leur rêve :
Et leur coeur chante, et leur coeur pleure, et leur coeur bout
D'être jaillis du même sol que vous. O que mon coeur toujours reste avec vous d'accord !
Qu'il puise en vous l'orgueil et la fermeté haute,
Tours debout près des flots, tours debout près des côtes,
Et que tous ceux qui s'en viennent des pays clairs
Que brûle le soleil, à l'autre bout des mers,
Sachent, rien qu'en longeant nos grèves taciturnes,
Rien qu'en posant le pied sur notre sol glacé,
Quel vieux peuple rugueux vous leur symbolisez
Vous, les tours de Nieuport, de Lisweghe et de Furnes !